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DISPARITIONS Jacques-Louis Lions Ancien président de l'Académie des sciences LE MONDE | 19.05.01 | 13h18
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LE MATHÉMATICIEN Jacques-Louis Lions, ancien président du Centre national d'études spatiales (CNES) et de l'Académie des sciences, est mort jeudi 17 mai à Paris à l'âge de soixante-treize ans.

Né le 2 mai 1928 à Grasse (Alpes-Maritimes), ce normalien débute sa carrière de chercheur au CNRS, de 1951 à 1954, date à laquelle il commence à enseigner. Il sera successivement professeur à la faculté des sciences de Nancy puis de Paris, avant d'exercer à l'Ecole polytechnique et au Collège de France.

Mathématicien de renommée mondiale, Jacques-Louis Lions a consacré l'essentiel de ses travaux aux équations à dérivées partielles et à la théorie du contrôle des systèmes. "Cette discipline était en plein développement dans les années 1960, puisqu'elle sert notamment au guidage des lanceurs spatiaux, explique Alain Bensoussan, président du Centre national d'études spatiales (CNES), qui travailla à l'époque avec Jacques-Louis Lions. C'était un très grand chercheur qui a toujours eu à l'esprit que la science devait résoudre des problèmes. Il a donc développé les applications des mathématiques." Et ce dans des domaines aussi divers que l'aérospatial, l'énergie, la gestion ou l'environnement. "Ce que j'aime dans les mathématiques appliquées, déclarait Jacques-Louis Lions au Monde en 1991, c'est qu'elles ont pour ambition de donner du monde des systèmes une représentation qui permette de comprendre et d'agir.

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Horizons

Et, de toutes les représentations, la représentation mathématique, lorsqu'elle est possible, est celle qui est la plus souple et la meilleure. Du coup, ce qui m'intéresse, c'est de savoir jusqu'où on peut aller dans ce domaine de la modélisation des systèmes, c'est d'atteindre les limites."

Or qui dit modélisation dit, aujourd'hui, ordinateur. "Jacques-Louis Lions a été présent aux débuts de l'informatique en tant qu'activité de recherche, rappelle Gilles Kahn, directeur scientifique de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), que le mathématicien présida de 1980 à 1984. Il a très rapidement cru en l'informatique : il était convaincu que c'était important et que l'ordinateur changerait tout." A la tête de l'Inria là aussi, Jacques-Louis Lions insiste sur l'aspect concret de la science et les relations qu'elle doit obligatoirement entretenir avec le monde de l'industrie. Par la suite, il est conseiller scientifique d'EDF, de Pechiney, de Dassault-Aviation et de Gaz de France.

RÉFORME DE L' INSTITUTION

En 1984, il prend la tête du CNES à une époque importante de son développement (le programme Ariane notamment), poste qu'il occupe jusqu'en 1992. "Au-delà de son œuvre scientifique, nous devons être reconnaissants à Jacques-Louis Lions pour l'habileté et l'intelligence avec lesquelles il a su diriger l'Inria et le CNES, déclare Hubert Curien, ancien ministre de la recherche et actuel président de l'Académie des sciences. Il dégageait une autorité naturelle qui était un atout dans les grandes instances internationales. Ce n'était pas un homme de diktat mais un homme de contact, de discussion, et ensuite seulement de décision."

Membre de l'Académie des sciences depuis 1973, le mathématicien préside l'auguste maison du quai Conti de 1996 à 1998, où il dirige notamment le Comité 2000, constitué à la demande de Jacques Chirac pour, au seuil du XXIe siècle, "faciliter l'accès de tous à la connaissance, contribuer à la préservation du cadre de vie et améliorer la santé de chacun." Jacques-Louis Lions avait également profité de son mandat pour lancer la réforme en cours de l'Académie des sciences, qui a pour objectif de rajeunir la vénérable institution et de réaffirmer son rôle vis-à-vis de la société.

Pierre Barthélémy

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 20.05.01